Les mille applications possibles de la maîtrise des fluides aux nano-échelles
L’or bleu n’en finit plus de nous surprendre. De récents travaux en nanofluidique ont révélé qu’à des échelles nanométriques, comme lorsqu’ils traversent des nanotubes de carbone, les flux d’eau acquièrent des propriétés qui débouchent sur des applications inattendues. Produire de l’électricité, écrire aux nano-échelles, retirer l’alcool des boissons et bientôt dessaler de l’eau de mer… Autant de valorisations tirées des recherches fondamentales de Lydéric Bocquet, directeur de recherche CNRS au LPENS dans l’équipe Micromegas. Ce physicien a ainsi déposé douze brevets, notamment sur des membranes, et fondé quatre start-up.
Depuis 2015, Sweetch Energy tire de l’énergie renouvelable des différences de salinité entre l’eau de mer et l’eau douce. Une « énergie décarbonée et non-intermittente » au potentiel incroyable, que détaille Lydéric Bocquet : « Le réservoir possible au niveau mondial est estimé entre 1 000 et 2 000 GW, soit l’équivalent de 1 000 à 2 000 réacteurs nucléaires, sachant qu’il n’y a actuellement que 400 réacteurs nucléaires sur la planète ». Tout juste lancée, Ilion puise aussi sa force de l’océan en proposant une technique innovante de dessalement de l’eau de mer. Hummink fournit de son côté depuis 2020 une technologie d’impression nanométrique fonctionnant sur de larges surfaces et ce sans avoir besoin de disposer d’une salle blanche. Altr, enfin, utilise des membranes en oxyde de graphène pour retirer l’alcool de boissons telles que le vin ou la bière. Une grande variété d’applications, renforcée par le fait que Lydéric Bocquet est par ailleurs consultant scientifique pour diverses entreprises, comme Saint-Gobain ou Plastic Omnium, tout en développant ses autres axes de recherche (comme la conception de nanomachines ioniques reproduisant certaines fonctions biologiques ou l’ingénierie quantique des écoulements de fluides aux nanoéchelles).
En savoir plus :
– Vidéo pour aller plus loin
– Article CNRS le Journal
– Communiqué de presse CNRS
Affiliation de l’auteur :
Laboratoire de physique de L’École normale supérieure (LPENS, ENS Paris/CNRS/Sorbonne Université/Université de Paris)
Auteur correspondant : Lydéric Bocquet
Contact communication : L’équipe de communication